Tracer des frontières à Djibouti

Hommes et territoires aux XIXe et XXe siècles - Corpus de textes


3 avril 1887 - Note française sur les frontières dans le golfe de Tadjoura
Son Excellence, M. Waddington, Ambassadeur de la République française à Londres
à SS le marquis de Salisbury, Principal secrétaire d’Etat de la Reine au département des Affaires étrangères

Londres, le 3 avril 1887

Le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de S.M. britannique étant désireux d’arriver à un accord relativement à leurs droits respectifs dans le golfe de Tadjourah et sur la côte Somali, j’ai eu l’honneur d’entretenir V. Seigneurerie à plusieurs reprises de cette question. Après un échange amical de vues, nous sommes tombés d’accord sur les arrangements suivants :
Les protectorats exercés ou à exercer respectivement par le France et l’Angleterre seront séparés par une ligne tirée du Raz-djéboutil sur la côte à la ville de Harrar dans l’intérieur. Le Gouvernement de S.M. britannique reconnaît le protectorat de la France sur la côte du golfe de Tadjourah à l’ouest du Raz-djéboutil, ainsi que sur les tribus situées à l’ouest de la ligne ci-dessus indiquée, notamment sur la tribu des Issas-Somalis.
Le Gouvernement de la République reconnaît le protectorat de l’Angleterre sur la côte à l’est du Raz-djiboutil jusqu’à Bender-Gori, ainsi que sur les tribus situées à l’est de la ligne ci-dessus, notamment sur les tribus des Gadi-Bourzis et des Gibrils-Abockores.
Les deux Gouvernements s’interdisent d’exercer aucune action ou intervention, le Gouvernement de la République à l’ouest de la ligne ci-dessus, le Gouvernement de S.M. britannique à l’est de la même ligne. Les deux Gouvernements s’engagent à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher le commerce des esclaves, et l’importation de la poudre et des armes dans les territoires soumis à leur autorité. Le Gouvernement de S.M. britannique s’engage à traiter avec bienveillance les chefs ou membres de tribus placées désormais sous son protectorat, qui auraient précédemment adopté le protectorat français. Réciproquement, le Gouvernement de la République prend le même engagement relativement aux tribus placées désormais sous son protectorat.
Enfin vous avez demandé que le Gouvernement de la République prît l’engagement de ne pas établir de pénitencier à Obock et dans le golfe de Tadjourah. Sur ce point, je suis autorisé à vous déclarer que le Gouvernement de la République n’a pas l’intention de former dans ces parages des établissements pénitenciers, mais qu’il ne peut s’engager à n’y point envoyer des condamnés pour l’exécution de certains travaux.
Je vous serais reconnaissant si vous vouliez bien, en m’accusant réception de la présente note, constater officiellement l’accord entre les deux Gouvernements.
Permettez moi en terminant de me féliciter de la solution de cette affaire et de vous remercier de l’esprit équitable et conciliant avec lequel vous l’avez constamment abordée.
Cette note ne reçoit pas de réponse. Il faut attendre l'échange de notes des 2 et 9 février 1888 pour qu'une délimitation soit validée, à l'est de la ligne proposée ici.
Référence ANOM - Affaires politiques 128-6
Pour citer ce document djibouti.frontafrique.org/?doc35, mis en ligne le 19 octobre 2010, dernière modification le 25 septembre 2011, consulté le 24 avril 2024.

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